Les stratégies commerciales des compagnies d’aviation sont bien plus connues que celles des autres modes de transport. Et nonobstant l’adjectif, elles ne se limitent pas simplement au négoce ou au marketing ; elles jouent sur des plans normatifs plus complexes.
Illustrations.
Les maths de la surréservation
Le surbooking – pratique régulièrement dénoncée, mais parfaitement légale (Règlement (CE) n° 261/2004) – mise ainsi sur les statistiques et les biais cognitifs pour minimiser le risque juridico-financier. Ces normes économiques, psychologiques et juridiques sont intégrées sous la forme d’une espérance mathématique. Le montant des indemnités potentielles (nombre de passagers concernés x montant de l’indemnité) est ainsi revu à la baisse en tenant compte :
- des statistiques de non-présentation et d’annulation de dernière minute ;
- du nombre de passagers qui acceptera de prendre un vol suivant, en contrepartie d’avantages modiques ;
- et de la probabilité de voir un passager aller jusqu’au bout des démarches d’indemnisation.
A l’évidence, l’évaluation doit être – au moins d’un point de vue macroscopique – nettement favorable aux transporteurs, ce sans quoi, la pratique aurait rapidement cessé.
La provocation, vecteur publicitaire
De façon tout aussi évidente, les compagnies paraissent maîtriser l’un des aspects les plus sensibles de la stratégie : l’atteinte du « point culminant, limite intrinsèque de toute action stratégique« , comme l’indique le Général Desportes dans son excellent Entrer en stratégie (Robert Laffont, 2019). Un exemple? Cette entreprise low cost qui a rapidement abandonné le projet de faire voler les passagers debout. Il n’a pas pour autant été mis aux oubliettes. Recyclé en canular, il a été exploité à des fins publicitaires, sans avoir à débourser un sou dans les médias. La compagnie a ainsi réussi à dépasser l’apogée de sa manoeuvre stratégique pour profiter d’avantages commerciaux.
Peu d’espoir pour le bagage cabine universel
Autre marronnier estival : les dimensions du bagage cabine. Sans y voir une quelconque entente, leur modification régulière et l’absence d’harmonisation apparaissent comme une stratégie complémentaire assez évidente. Fabricants et transporteurs y trouvent leur intérêt. Et les trajets Bruxelles / Strasbourg des parlementaires européens se faisant par route, pas sûr qu’ils se penchent sur un texte imposant, à l’image des chargeurs électriques, un « bagage universel« .