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L’impact stratégique du sport : du lancer de marteau à la Fondation Vuitton

Les Jeux Olympiques de Paris s’ouvrent officiellement aujourd’hui. Et pour participer à la célébration, que diriez-vous d’introduire un peu de sport dans le billet hebdo de NORMINT? Je vous le concède, je suis victime d’un certain tropisme.

Que nous apprend le judo, en termes de stratégie normative? Simple – enfin en théorie, si vous n’êtes ni David Douillet, ni Clarisse Agbégnénou. Pour échapper à la prise de l’adversaire, il peut suffire de désaxer l’articulation prise dans une clé. Ici, la norme législative permet ainsi d’échapper à la jurisprudence. Prenez par exemple la fondation Vuitton : pour échapper à l’application du droit de l’urbanisme, c’est l’échelon parlementaire qui a été actionné. La pression s’est immédiatement dissipée et le bâtiment a vu le jour.

Le vieux précepte selon lequel il n’y a pas d’attaque en karaté, lui, innerve bien des domaines. Convoquons ici la rhétorique, à titre d’illustration. Se permettre un style éristique, dans un débat, peut rapidement conduire le public à ressentir une certaine agressivité. Si elle peut être adaptée à certaines situations, pardonnée à raison par exemple de la différence d’âge entre les orateurs (un classique est le débat entre Messieurs Strauss-Kahn et Sarkozy), souvent, la défense est moins risquée.

Rechercher des préceptes stratégiques dans les arts martiaux, un peu facile, non? En apparence, peut-être. Mais en fait, la théorie des jeux conduit à considérer que tous les jeux à somme nulle sont innervés par la stratégie.

Marathonien et cycliste sont ainsi tenus d’adapter leur stratégie de course à celle déployée par leurs adversaires. Cette nécessaire adaptation est d’ailleurs une constante, que le théâtre opérationnel soit d’ordre militaire (« Les généraux victorieux font des plans qui s’adaptent aux circonstances » professait Patton) ou judiciaire, par exemple.

Oui, mais ici, l’adversaire est présent. Le jeu se déroule en simultanée, ce qui n’est pas toujours le cas. Exact.

Prenons alors le lancer de marteau. J’avoue ne pas connaître cette discipline, mais les participants jouent de façon asynchrone. Ceci étant, sauf à passer le dernier de la série, l’incertitude est une constante : l’athlète ne sait pas quelle performance ses concurrents peuvent viser, au regard de leur entraînement, de leur état de santé, etc. Cette incertitude les pousse nécessairement à gérer leur effort, aussi bien pour les lancers d’échauffement que pour chacun des essais qu’ils ont. Et cette gestion est forcément empreinte d’une vision stratégique. Edgar Morin le conceptualisait dans le 3ème tome de sa Méthode : « La certitude de l’incertitude conduit à la stratégie ».

Le sport, au-delà de la maxime de Juvénal « Mens sana in corpore sano », domaine matraqué par la norme, est ainsi une source inépuisable de stratégie, transposable dans bien d’autres secteurs. Quoi de plus normal? « Le sport, c’est la guerre, les fusils en moins. »

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