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Discours de marque, normaliser l’anormal

De l'art du vide en communication

Être ou ne pas être, telle est la question que se sont posée Petit BamBou et son agence Customer Service Inc. avant de lancer sa campagne en début d’année.

Mais de quelle campagne parle-t-il me direz-vous… et votre question est tout à fait logique car la campagne dont il est question semble avoir pour objectif d’être invisible.

« Pas de logo. Pas de photo. Pas de promo. Pas de promesse. Vous voyez, on peut tous faire une pause » nous promet (eh oui, c’est déjà une promesse) les affiches 4×3 de Petit BamBou, déployées via JCDecaux ou MediaTransports comme l’a mis en scène Gabriel Teisson dans son article au sein de Dans Ta Pub.

Si ces affiches “sans logo” nous promettent de pouvoir faire une pause, elles nous indiquent même comment : « Téléchargez Petit BamBou, l’app n°1 de méditation*. ». 

Un CTA clair et évident, assorti d’un élément de confiance (n°1) et de réassurance (* = je ne mens pas, ce sont Apple App Store et Google Play Store qui l’indiquent).

Du classique publicitaire à une nouvelle stratégie de marque

Au-delà du principe publicitaire « faire simple pour interpeller » comme l’a démontré avec brio Bill Bernbachavec notamment la campagne « Think small » pour Volkswagen, cette campagne repose d’abord et avant tout sur un principe assez peu pratiqué : normaliser l’anormal.

Concrètement, est-ce normal de s’afficher en 4×3 dans les rues et les transports en commun pour prôner les bienfaits de faire une pause ? 

Allons un peu plus loin, diffuser une campagne dont l’objet est l’incitation au téléchargement d’un app, loin de tout précepte de déconnexion numérique, n’est-il pas la preuve qu’au-delà du discours de marque, Petit Bambou cherche à normaliser une conduite anormale ?

[Petit détour : saviez-vous que Petit Bambou propose un programme de “Digital detox” et justifie le fait de recourir à une app pour ce faire ?]

Du discours de marque à la normalisation d’une thérapie

Une question qui prend encore plus de sens alors que 2025 est l’année ou la santé mentale est la grande cause nationale, et que Petit Bambou est référencé sur Mon Espace Santé depuis la fin d’année 2024.

Autrement dit, derrière le discours de marque de Petit Bambou, ne s’agit-il pas d’une quête de normalisation de la “méditation de pleine conscience” en tant qu’approche thérapeutique ? De fait, et comme l’indique le GIE SESAM-Vitale, les services numériques référencés par l’État le sont « pour leur sérieux, leur fiabilité et leur utilité ».

Si des psychiatres, des professionnels de santé ou des membres du collectif NoFakemed, croisent cet article au détour d’une pérégrination numérique, nos pages leur sont ouvertes pour y donner leur avis sur ce principe de normalisation “thérapeutique” de la méditation de pleine conscience.

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