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Normaliser l’exception… une nouvelle stratégie en communication numérique

À priori, rien ne justifie ce qui semble être une antonymie pourtant, tant dans le domaine du droit que dans celui des médias, normaliser l’exception est aujourd’hui une stratégie éprouvée (et qui peut être éprouvante pour celles et ceux qui ont à la subir).

Lorsque les régimes dérogatoires se font sans cesse plus nombreux sur le versant fiscal mais également pénal, c’est finalement le droit d’exception qui tend à un processus de normalisation comme l’indique Maria Luisa Cesoni et ses confrères dans l’ouvrage intitulé Nouvelles méthodes de lutte contre la criminalité. La normalisation de l’exception.
 
Mais arrêtons tout de suite les propos sur ce versant (versant que je laisse volontiers à mes collègues avocats de NORMINT) pour en venir au sujet qui me préoccupe à savoir la normalisation médiatique de l’exception.
 
Prenons l’exemple de Google Actualités, de sa page d’accueil et de sa rubrique Fact-checking. Si l’intention est à priori louable (débunker des fake news) ne contribue-t-elle pas à normaliser des exceptions ?
 
Lorsque Le Monde répond « Non » à la question « La France n’a jamais connu une période aussi longue avant qu’un Premier ministre ne soit nommé », ne participe-t-il pas à normaliser le temps pris par le Président de la République pour nommer le Premier ministre ?
 
De même, lorsque France Info, via sa rubrique vrai ou faux, répond « C’est plus compliqué » à « Pétition de LFI pour la destitution d’Emmanuel Macron : peut-on se fier au compteur qui affiche près de 200 000 signatures ? », ne tend-il pas à normaliser un usage anormal (anormal puisque ne répondant pas à des prérequis de neutralité et de protection des données comme l’indique l’article) des pétitions à visée politique ?
 
Précision importante pour répondre aux interrogations précédentes dans le premier cas, le « Non » du Monde et dans le second, le « C’est plus compliqué » attribué à France Info, ce ne sont pas Le Monde ou France Info qui déclarent Non ou C’est plus compliqué mais la rubrique Fact-checking de Google Actualités…
 
Mais finalement, la question ne serait-elle pas de savoir si Google Actualités via son éditorialisation de la rubrique Fact-checking ne tend pas à normaliser l’exception, à réduire notre champ de vision, d’attention et de vision via une réponse caricaturale et courte attribuée à des médias reconnus ?
 
Plus important encore, est-ce possible d’influencer la sélection des « questions-articles » de la rubrique Fact-checking de Google Actualités en posant (ou faisant poser via des robots) de nombreuses fois la même question directement sur Google ou via les rubriques dédiées des médias ?
 
Si oui, en période de campagne politique (ou non d’ailleurs) ou lors d’une crise, nul doute que cette méthode sera / est utilisée.

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