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Tic toc, tic toc, TikTok… de l’art de gagner du temps

Il y a quelques semaines, du 15 au 28 mai exactement, TikTok a été suspendu en Nouvelle-Calédonie. Cette mesure inédite (en France tout du moins) avait été prise pour limiter les contacts entre les émeutiers, autrement dit retirer le feu sous le chaudron.

Pourtant et comme l’indique l’article des Échos du 29 mai, elle a été prise notamment pour limiter les contacts, le notamment indiquant d’autres motivations et stratégies potentielles.
 
De l’art de gagner du temps en détournant l’attention

Première hypothèse, la stratégie n’était pas uniquement de faire baisser la température en évitant de mettre de l’huile sur le feu mais également de gagner du temps en détournant l’attention sur un autre sujet.

Détourner l’attention (un procédé qui n’a rien à voir avec le détournement publicitaire) vise à soustraire du regard l’objet du désir ou, en l’occurrence, l’objet de l’attention médiatique.

En créant un contre-feu, dirigé vers TikTok, il est possible que la volonté ait été d’éviter de mettre de l’huile sur le feu mais également de créer un point de focalisation de l’attention, pour permettre de poursuivre, loin des regards, des échanges diplomatiques faisant eux-mêmes retomber la pression à l’intérieur du chaudron.
 
Lorsque le bouc-émissaire devient vecteur de pacification

Deuxième hypothèse, désigner à la vindicte populaire TikTok et son propriétaire ByTeDance comme un des vecteurs de communication reposerait sur un autre ressort psychologique, l’un des plus anciens, la “bouc-émissairisation”.

Comme l’indique Mélia Djabi et Oriane Sitte de Longueval dans leur article Boucs-émissaires en organisation : quelles régulations du phénomène ?, la bouc-émissairisation, c’est-à-dire faire l’usage d’un bouc-émissaire, permet lorsqu’elle est extérieure au groupe de renforcer celui-ci face à un ennemi commun.

En l’occurrence, et comme l’a soulevé l’article des Échos, la mesure d’interdiction de TikTok était “intervenue sur fond de craintes d’ingérences et de désinformation sur les réseaux sociaux venant de pays étrangers qui chercheraient à attiser les tensions”.

En désignant donc TikTok comme coupable, à minima, de faciliter les usages entre les émeutiers, son interdiction en faisait également un bouc-émissaire pouvant, peut-être, permettre de (re)fédérer la communauté nationale.

Cette désignation donne donc au réseau social un nouveau rôle, celui d’un influenceur en tant que tel, autrement dit elle renforce le précepte selon lequel le media est le message comme l’annonçait Marshall McLuhan il y a déjà 60 ans.

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